
Le seigneur des porcheries
D’après le roman de Tristan Egolf
Une Création de La Compagnie en Eaux Troubles
2022
La pièce
Le seigneur des porcheries, est un spectacle épopée en plusieurs épisodes.
Il mélange pièce de théâtre, concert et conférence.
Un groupe d’éboueurs de la ville de Baker occupe le théâtre pour y rejouer devant témoins l’histoire de la grève qui a secoué leur ville il y a dix ans. Cette grève, emmenée par leur ami et collègue John Kaltenbrunner, a plongé la ville dans le chaos, confronté cette dernière aux limites de son modèle et provoqué la mort de John.
Devant l’incapacité de leur ville à tirer des leçons de cet évènement, devant les déformations et les légendes créées sur John et sur eux à partir de ce fait, et devant la crainte d’une répétition de l’Histoire, ils vont se battre pour leur version de l’histoire et retracer la vie de John et le déroulé de la grève.
Pour cela, personnages non artistes, ils vont se plonger dans le jeu avec la rage et la joie de ceux qui jouent leur vie. Ils vont reconvoquer l’histoire en mélangeant les styles et les formes.
Le spectacle se joue en costumes modernes poétisés. Sur la scène, les éboueurs sont le centre créateur de tout le spectacle. Ils sont acteurs, narrateurs, conférenciers, chercheurs. Ils jouent, filment et bruitent en direct. Ils sont accompagnés d’amis venus les épauler : un musicien, une créatrice lumière et un créateur son. Tous occupent le lieu et proposent un moment spectacle-assemblée au public.
Le spectacle possède un grand plateau nu surélevé, encadré à jardin et cour de portants et d’accessoires et au fond de scène par un cyclo (support de projection vidéo et lumières). À l’avant-scène, des tables et chaises (support d’archives, de conférence et d’atelier cinématographique artisanal) sont disposées. Un escalier placé derrière les tables et courant de jardin à cour relie le sol du théâtre au plateau nu recouvert tour à tour de neige, feuilles, détritus.
Le spectacle explore la dimension épique d’un fait-divers, l’ironie-tragique de nos existences, nos faiblesses en tant qu’individus et que groupes, et nos combats contre un modèle menant nos sociétés à l’engorgement.
Propos
Puis il était fait de grands magma d’étoiles qui bourdonnaient dans le vide intersidéral.
Puis de prairies vertes et de bosquets giboyeux, qui frémissaient de vie.
(Est ce un mythe ? Est-ce vrai ? C’était il y a si longtemps.)
Puis arriva un animal bipède.
(Etait-ce hier ? Était-ce il y a des millions d’années ?)
Arriva un animal étrange qui s’installa dans ces contrées.
Arriva dans ce qu’il appela ses contrées.
Et il les fit disparaître sous des monceaux de fatras, de déchets et de sédiments. Les fit tant et si bien disparaître, que tout cela ( les bosquets giboyeux, les rivières qui coulaient ) est bien lointain et bien improbable désormais.
Si loin et si improbable que l’idée même d’un monde vierge n’est plus qu’un mythe, une féérie déraisonnable.
(Un monde vierge ? Était-ce vrai ? Ou, ai-je rêvé ? Quand tout cela a-t-il commencé ?)
Le Big Bang, les rivières qui coulaient, ce n’est qu’un mythe.
Au commencement n’était pas le Big Bang, ni des terres inviolées.
Non.
Au commencement était le grand chaos du monde.
Au commencement était le grand tas de déchets, vestiges, ruines, fatras, sédiments, et vieilles idéologies,
et civilisations et temples écroulés,
et voitures abandonnées,
et objets trouvés,
et vieilles télés,
et squelettes démembrés,
et villes encombrées
que les hommes ont construits, vomis, jetés, années après années, et sur lesquels nous vivons encore.
Le grand tas.
Le grand fatras de bordel qui s’accumule et déborde et vomit de partout.
Et quand on vit, on ajoute des couches.
Et quand on creuse, on voit l’humanité en strates.
Nous vivons tout en haut de la grande décharge de notre humanité.
(Ce grand tas, cette montagne l’ai-je dégringolé ?)
Et le fatras de nos vies est aussi le fatras dans nos cœurs.
Encombrés, écrasés, embrumés, insomniaques et volcaniques..
(Qui est encore jeune dans un monde si vieux ?)
Au commencement était le grand chaos du monde.
Générique
Une création commune de la Compagnie en Eaux Troubles
Paul Balagué est membre de LA KABANE – Maison d’artistes
Avec et par : François Chary, Lucas Dardaine, Ghislain Decléty, Sylvain Deguillame, Martin van Eeckhoudt, June van der Esch, Antoine Formica, Sandra Provasi, Damien Sobieraff.
Scénographie : Matthieu Le Breton
Lumières : Lila Meynard
Musique : Christophe Belletante, Sylvain Jacques, Grégoire Léauté
Vidéos : Damien Babikian
Costumes : Marie Vernhes
Régie Plateau : Antoine Formica
Administration : Agathe Perrault
Adaptation et Mise en Scène : Paul Balagué